La ville de Huaraz au Pérou, est un véritable paradis pour les randonneurs de tout calibre. Perchée à 3050m d’altitude, vous y aurez déjà le souffle court si vous arrivez directement du niveau de la mer. Heureusement, après un jour ou deux, vous serez habitués et sentirez l’appel des montagnes si proches.
De partout en ville, on peut voir la cordillera Blanca (avec ses sommets enneigés) et la Cordillera Negra (noire, donc dépourvue de neige éternelle). On peut aussi d’ailleurs y apercevoir par temps clair la plus haute montagne du Pérou, Huascarán et ses 6768m de haut.
Huaraz ne gagnera définitivement jamais aucun concours de beauté, mais elle est parfaite pour organiser vos randonnées dans cette région du Pérou. La majorité des gens utilisent également Huaraz comme base pour faire quelques journées de randonnée d’acclimatation, avant de quitter pour de plus longues expéditions.
Vous pourrez notamment y trouver des groupes auxquels vous joindre pour faire les treks classiques comme le Santa Cruz (4 à 5 jours) et celui de la Cordillera Huayhuash (8 à 12 jours, dont vous pouvez lire mon récit détaillé dans cet article). Vous pourrez aussi y louer ou acheter de l’équipement : tente, matelas, bâtons de marche, etc.
Voici donc les 4 meilleures randonnées à faire à partir de Huaraz. Je vous les propose dans un ordre progressif d’acclimatation, pour habituer doucement vos petits poumons à l’air raréfié de la haute montagne.
Départ : 3200m
Sommet : 3725m
Durée : 4 heures aller-retour
Après une première journée d’acclimatation à Huaraz, la randonnée du Laguna Wilcacocha dans la Cordillera Negra est la première que je vous recommande. Elle vous poussera juste assez, mais sans vous faire franchir la barre des 4000m.
C’est très simple : il vous suffit de prendre le collectivo 10 ou E au coin nord-ouest des rues Raymondi et Hualcan, dans le centre de Huaraz. Il en passe pendant toute la journée, et coûte environ 2 soles (moins de 0,65$ CAN). Il vous emmènera 10km plus au sud, au tout début de la randonnée. Vous n’aurez qu’à demander au chauffeur de s’arrêter à Puente Santa Cruz.
Même chose pour revenir, il vous faudra intercepter un collectivo sur la route (j’ai attendu moins de 10 minutes), et celui-ci vous ramènera à Huaraz. Prévoyez de l’écran solaire et un lunch.
Cette marche n’est pas vraiment compliquée : vous suivrez un chemin carrossable qui se hisse en lacets jusqu’au lac, en passant par un petit village. Comptez 6 km à l’aller si vous prenez ce trajet, mais il est possible de le raccourcir en utilisant un sentier qui monte plus directement. Je me suis personnellement contenté d’emprunter le chemin plus long mais moins abrupt, autant en grimpant qu’en descendant, surtout que c’était mon premier trek d’acclimatation.
Après deux heures environ, vous arriverez au Laguna Wilcacocha. Il est bien modeste (même pas 100m de large), mais par temps favorable vous y aurez une superbe vue sur la Cordillera Blanca, chance que je n’ai malheureusement pas eue. J’ai quand même trouvé fort agréable la petite balade autour du lac, de nombreux moutons paissent dans les alentours et vous aurez le plaisir de voir quelques espèces d’oiseaux dans les roseaux au milieu de l’eau.
Cette randonnée ne sera vraisemblablement pas votre coup de cœur dans la région, mais c’est une option parfaite pour s’acclimater. Elle ne vous coûtera presque rien, et peut être faite en une demi-journée. Cela vous laissera donc du temps pour organiser vos trucs à Huaraz.
Départ : 3850m
Sommet : 4450m
Durée : environ 5 heures aller-retour
On augmente la difficulté d’un cran avec la randonnée vers le Laguna Churup. Elle a été ma préférée des 4, par son côté un peu plus sauvage, et aussi parce que la marche est presque autant belle que le lac.
À ma connaissance, il n’existe pas de tour organisé pour le Laguna Churup. Cela s’explique par le fait que c’est très près de Huaraz, et qu’un guide n’est absolument pas nécessaire, car le chemin est très bien balisé.
Pour m’y rendre, j’ai pris un collectivo qui normalement part à 7h40 AM de Huaraz, au coin nord-ouest des rues Gamarra et Raymondi. Dans mon cas, il a démarré quand il a été suffisamment plein, environ 30 minutes plus tard. J’imagine qu’en haute saison ça doit se remplir plus rapidement.
Le minibus vous amènera au début du trek en approximativement une heure, et sera là à votre retour pour vous ramener à Huaraz. Le chauffeur vous indiquera l’heure exacte à laquelle vous devrez être revenu. Le trajet coûte 10 soles dans chaque direction, plus des frais de 30 soles pour l’entrée dans le Parc National Huascarán.
Un grand panneau marque le début de la randonnée, et il y a également des toilettes (qui étaient par contre malheureusement fermées lorsque j’y suis allé). La montée est plutôt soutenue : il ne faut parcourir que 3 km pour se rendre au Laguna Churup, mais vous devrez grimper 600m, ce qui n’est pas rien. Prenez quelques pauses en marchant pour reprendre votre souffle, mais surtout pour admirer la vue sur la vallée derrière vous.
Après environ 90 minutes vous arriverez à un croisement, avec un écriteau indiquant Laguna Churup Opcional. Si vous empruntez le chemin à gauche (comme je l’ai fait), vous irez vers le mirador surplombant le lac. Vous éviterez ainsi la section plus technique qui nécessite de se tenir à une corde pour monter un passage plus hasardeux. Il y a par contre une petite portion avec un câble, mais rien de bien épeurant. Assurez-vous quand même d’avoir les mains libres pour ces portions, surtout si les pierres sont mouillées.
Le mirador offre un panorama imprenable sur les sommets environnants et sur le lac. Celui-ci fait approximativement 800m de long, et il épate par sa gamme de couleurs, de bleu profond à turquoise. Les gros rochers qui l’entourent sont parfaits pour un pique-nique bien mérité.
C’est probablement à regret que vous quitterez les lieux, puisque l’heure fixée par le collectivo ne vous laissera pas énormément de temps pour en profiter, ou pour faire le tour complet du lac.
Si vous êtes venus en taxi depuis Huaraz, il est par contre possible de poursuivre la marche jusqu’au Laguna Churupita, encore plus tranquille, en longeant le Laguna Churup sur la gauche et en continuant ensuite en montant.
La vue en redescendant est également magnifique. Si vous êtes partis de Huaraz vers 8h, vous devriez y être revenus vers 15h environ. C’est une superbe randonnée que je vous conseille vivement.
Départ : 3800m
Arrivée : 4600m
Durée : 5 heures aller-retour, environ 14 km
Avec son eau turquoise qui épate même par temps nuageux, le Laguna 69 est devenu dans les dernières années l’une des randonnées les plus populaires de la région de Huaraz.
C’est une autre excellente randonnée d’acclimatation, mais que je ne vous conseille absolument pas de faire si vous êtes arrivés la veille à Huaraz. Laissez-vous au moins 2 jours avant de vous attaquer à cette randonnée hautement Instagrammable.
Il est possible de faire ce trek de façon indépendante, mais il vous en coûtera probablement plus que si vous prenez une excursion organisée. C’est pourquoi la très grande majorité des gens s’y rendent en tour, comme je l’ai fait. La plupart des hôtels ou agences à Huaraz offrent ce forfait, pour la (vraiment) modique somme de 30 soles (10$CAN).
C’est une très longue journée : on est venus me chercher à 4h40 AM, et il a fallu faire un bon 4 heures de route pour se rendre au Yurac Corral, là où la randonnée commence. Heureusement, il y a un arrêt déjeuner qui coupe le trajet très cahoteux en deux.
Par temps clair, vous aurez droit pendant le chemin à une vue superbe sur Huascarán (la montagne la plus haute du Pérou avec ses 6768m). La majorité des tours s’arrêtent pour une pause photo de 10 minutes au Laguna Llanganuco, avec son eau turquoise laiteuse et ses arbres orangés très sinueux.
Le retour prend environ 3 heures et demie, sans arrêt. Vous reviendrez donc à Huaraz vers 18-19h, ce qui fait une trèèèèèès longue journée.
Comparée à la randonnée pour le Laguna Churup, celle du Laguna 69 n’est ni technique ni particulièrement escarpée, mais elle est beaucoup plus longue, et culmine encore plus haut. Ça lui lui a valu le surnom de Gringo Killer, car plusieurs personnes pas très bien entraînées ni acclimatées y souffrent chaque jour. Si vous avez bien fait vos devoirs, vous serez par contre enchantés par la vue superbe sur le lagon.
La première portion est relativement facile. Elle monte très doucement sur les deux premiers kilomètres, avant de devenir un peu plus abrupte. Vous cheminerez rapidement à travers plusieurs pâturages. Ça reste toujours surprenant de constater qu’il y a des gens qui vivent aussi haut avec leurs animaux.
Après 5 km environ, vous amorcerez l’ascension finale vers le sommet, où vous apercevrez au dernier moment le lac et sa couleur presque surréelle. Lorsque j’y suis allé à la mi-septembre, j’ai eu droit à de la pluie pendant la montée et à de la neige une fois rendu au lac.
Je vous conseille donc d’être habillé en couches, pour faire face à toute éventualité. Parce que même si le paysage est sublime, vous apprécierez moins ce moment si vous n’avez qu’un coupe-vent et que vous n’avez pas de tuque (bonnet pour les amis Français). C’est ce que j’ai malheureusement appris à mes dépens, et qui m’a servi de leçon pour les randonnées suivantes dans la Cordillera.
Comptez environ 2h30 pour monter et 1h45 pour redescendre. Vous devrez ensuite vous taper le long trajet en bus pour retourner à Huaraz. C’est pour cette raison que j’ai préféré le Laguna Churup au Laguna 69. Les deux sont magnifiques, mais comme on peut se rendre en beaucoup moins de temps et de façon autonome au Laguna Churup, ça fait une journée plus agréable et moins intense.
Altitude du lac : 4155m
Altitude du mirador : 4225m
Je termine avec le Laguna Parón, car il n’est pas comme les autres un bon trek d’acclimatation. En effet, puisque le minibus vous amènera directement sur les berges de ce magnifique lac, vous n’aurez qu’à monter environ 75m pour observer d’un peu plus haut ses eaux de couleur cyan.
Comme pour le Laguna 69, l’option la plus simple et populaire est d’y aller en tour organisé à partir de Huaraz. Il vous en coûtera approximativement 50 soles pour la journée, et l’excursion est offerte par à peu près tous les hôtels et les agences en ville.
Le Laguna Parón étant situé tout près du Laguna 69, il faut également prévoir une longue journée de transport pour s’y rendre. La mienne débuta vers 8AM, et il nous fallut environ 1 heure avant d’aller chercher tout le monde dans la ville, ce qui m’apparut vraiment interminable.
Après 75 minutes de route sur la route principale qui longe la Cordillera Blanca, le minibus bifurque vers l’ouest, et vous aurez droit à un autre long trajet chaotique de 2h30 avant de finalement arriver sur les berges du lac.
Le plus grand défaut de ce tour est qu’il vous laisse seulement environ 2 heures pour profiter de la beauté saisissante du lac, qui a une des eaux le plus bleu cyan que j’ai jamais vues. Après les Rocheuses canadiennes, le Népal, les Dolomites et la Slovénie… je commence à m’y connaître en lacs turquoise. Vous pouvez d’ailleurs voir mon top 6 des plus beaux au monde dans cet article.
La majorité des gens utilisent donc leur précieux temps pour grimper vers le mirador. La montée, pourtant pas très longue, n’est vraiment pas facile. Elle est abrupte, et il faut enjamber de grosses pierres pas toujours très stables avant d’arriver au point où vous aurez une vue superbe sur le lac et ses 3,7 km de long.
Assurez-vous d’avoir de solides souliers ou bottes de marche pour cette excursion.
Au bout du lac, vous verrez une montagne triangulaire, Pirámide, et à sa gauche un sommet beaucoup plus célèbre encore, Artesonraju. Ça ne vous dit rien? Vous l’avez pourtant déjà vu à maintes reprises… sur les génériques des films des studios Paramount, qui en ont fait leur logo.
S’il vous reste un peu de temps, vous pouvez suivre la berge gauche du lac en empruntant un sentier légèrement surélevé qui le contourne sur une bonne distance. Il est également possible de louer des barques pour une petite balade en amoureux sur cette eau paradisiaque.
Des 4 lacs, le Laguna Parón est probablement le plus beau, mais aussi le plus frustrant à faire en tour organisé, car vous n’aurez pas le temps de bien saisir toute sa beauté. Sachez qu’il est par contre possible de dormir dans la cabane située au débarcadère où vous êtes arrivés. Ils offrent en effet quelques lits pour la modique somme de 20 soles par personne, par nuit. Une option que je considérerai peut-être si jamais j’ai la chance de retourner dans ce magnifique endroit.
Pour les 3 premières randonnées (Laguna Wilcacocha, Churup et 69), je vous conseille fortement de vous munir de bâtons de marche. Ils font tellement une grosse différence en montée, mais surtout à la descente. Vos genoux vous en remercieront. Si vous avez oublié les vôtres (comme moi), il est facile d’en trouver à Huaraz.
Comme ce sont tous de longs treks en altitude, prévoyez de l’écran solaire, des vêtements multicouches, et des provisions suffisantes. Ça creuse l’appétit de marcher autant. Et apportez au moins 3 litres d’eau pour chacune de ces excursions.
L’un des plus grands bénéfices de faire des randonnées aussi costaudes, est que vous pourrez manger N’IMPORTE QUOI à votre retour à Huaraz, et ce sans aucune culpabilité. Je vous recommande donc d’aller vous gâter avec l’une des délicieuses pizzas de chez Mi Comedia Pizza, situé à environ 1 km au nord de la Plaza di Armas.
Non ce n’est pas une spécialité péruvienne, mais votre estomac vous en remerciera. Les pizzas sont cuites dans un authentique four à bois, et la croûte est digne de Naples. Comptez approximativement 30 soles pour une énorme pizza individuelle.
Adresse : 351 Centenario, Huaraz, Pérou
Il y a beaucoup de petits hostels sympathiques à Huaraz, mais je vous recommande tout particulièrement le El Jacal Classic (1044 rue José Sucre). Il est situé au cœur de la ville, mais juste assez en retrait pour vous faire passer un séjour en toute quiétude, loin du bruit des voitures.
C’est le genre d’endroits où l’on se sent tout de suite chez soi. Les chambres sont très simples mais confortables, et le personnel très attentionné. La clientèle est majoritairement composée de randonneurs, et vous y ferez sûrement de belles rencontres.
Les copieux petits-déjeuners sont inclus, et servis sur la terrasse au dernier étage. Vous y aurez droit (par temps clair) à une vue épique sur Huascarán, la plus haute montagne de tout le Pérou. Avec un verre de jus d’orange fraîchement pressé, ça commence drôlement bien la journée.
N.B. Le El Jacal a aussi un petit frère, le El Jacal Backpacker, qui s’adresse à une clientèle moins… tranquille, un peu plus comme une auberge de jeunesse.
Pour réserver à l’hôtel El Jacal Classic : www.booking.com/el-jacal-huaraz
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